Comment pouvez-vous vraiment pratiquer une entreprise durable ? Accordez une place à la nature dans votre conseil d'administration. Tout comme les directions supervisent les objectifs financiers et non financiers, chaque entreprise devrait veiller à quel point elle dépend de la nature pour éviter certains risques. Voici quatre raisons pour lesquelles la nature devrait être l'une des parties prenantes les plus importantes pour les entreprises.
1. Nos économies dépendent des ressources naturelles. Les pérenniser est judicieux.
Le Forum économique mondial indique que plus de la moitié du PIB mondial (environ 44 000 milliards de dollars, une valeur phénoménale) est menacée en raison de la dépendance du secteur privé à l’égard de la nature et de ses services. La nature déclinant à un rythme sans précédent, nous devons repenser notre façon de produire et de consommer. Les équipes de direction et les conseils d’administration doivent reconnaître l’urgence d’apporter des changements significatifs et de gérer la viabilité et la durabilité à long terme de l’organisation.
Si l’on considère ce que la nature nous donne gratuitement - de l’air pur et de l’eau propre, des sols fertiles, des matériaux de construction, des cultures pollinisées, des aliments et des fibres, un climat stable et des espaces verts pour les loisirs et le bien-être de l’homme - il est facile de comprendre pourquoi l’épuisement de ce « capital naturel » représente un risque existentiel pour une entreprise. Il est donc essentiel que les entreprises surveillent et préservent le capital naturel dont elles dépendent, tout comme elles le feraient pour d’autres types de capital.
2. Un processus décisionnel plus éclairé permettra à votre entreprise d’être prête à relever les défis du futur.
Il existe cinq principaux facteurs de perte de capital naturel : le changement d’affectation des terres et des mers, la surexploitation des ressources, la pollution, le changement climatique et les espèces exotiques envahissantes. Le fait que les dirigeants soient explicitement chargés de défendre cette cause créera une pression en faveur d’une « alphabétisation de la nature » dans l’ensemble de la société. Cela peut aider les parties prenantes d’une société à comprendre les interactions entre les moteurs de perte de la nature, la manière dont une activité impacte ces interactions et en dépend, et la manière dont les problèmes liés à la nature peuvent se transformer en préoccupations opérationnelles.
Par conséquent, la cartographie de ces impacts et dépendances doit faire partie des activités journalières, permettant aux sociétés de mieux comprendre les risques liés à la nature auxquels leurs activités et leurs chaînes de valeur sont exposées et de commencer à les gérer.
La gestion des dépendances d’une entreprise à l’égard du capital naturel est source de nombreux défis, qu’il s’agisse de l’évolution des orientations et des politiques réglementaires, de l’absence d’indicateurs normalisés pour mesurer et contrôler les impacts, du manque de financement et d’incitations financières pour prendre des mesures, ou encore du manque de compétences pour interpréter et utiliser les données pertinentes afin d’éclairer le processus décisionnel. Voir son responsable du développement durable se faire explicitement le défenseur de cette cause peut également aider l’organisation à découvrir des possibilités de développer des solutions fondées sur la nature, à innover dans les manières de produire ou à développer des partenariats avec des co-bénéfices.
3. La transparence ouvrira la voie à la transformation financière.
Étant donné que les sociétés font l’objet d’un examen de plus en plus minutieux de la part de leurs clients, des parties prenantes et du public, leurs efforts pourraient être interprétés comme de l’écoblanchiment, ce qui représente un risque réel pour leur réputation. De nombreuses entreprises constatent également une demande croissante de transparence et d’engagement en matière de développement durable, notamment en ce qui concerne les impacts sur la nature, en prévision des politiques à venir telles que la directive européenne sur les rapports de durabilité des entreprises et les cadres tels que le Groupe de travail sur la publication d’informations financières relatives à la nature (TNFD). Les entreprises doivent donc se fixer des objectifs et des plans d'action significatifs pour éviter la dégradation du capital naturel, s’assurer que leur approche est solide et faire preuve de transparence quant à leurs progrès.
Mais la mise en œuvre de plans d’action qui transforment une entreprise et ses chaînes de valeur nécessite des fonds considérables. Et en dépit du soutien croissant des établissements financiers et des investisseurs, proposer des produits financiers « verts » nécessite un travail complexe, en utilisant des mesures et des cadres de rapport standardisés pour rendre les informations fournies par les entreprises cohérentes et comparables dans un paysage en rapide évolution.
En donnant à la nature une voix à la table du conseil d’administration, l’organisation se donne les moyens de mieux comprendre les étapes nécessaires à l’élaboration de stratégies et de plans d’action solides pour protéger son capital naturel. Le conseil d’administration peut allouer des ressources pour suivre les derniers développements et soutenir la divulgation de la manière dont ces dépendances sont gérées - ce qui contribue à renforcer la confiance et confère à l'organisation un avantage concurrentiel pour attirer les investissements.
4. Les entreprises doivent profiter de l’élan croissant et agir maintenant.
L'Objectif mondial pour la nature, qui prévoit un monde favorable à la nature d’ici à 2030, appelle à prendre des mesures pour stopper et inverser la perte catastrophique de la nature que nous connaissons aujourd’hui. Pour ce faire, nous devons préserver les zones où la biodiversité est importante, limiter la perte de nature et compenser les pertes inévitables par la restauration écologique.
L’approche positive de la nature a pris de l’ampleur depuis sa création, et les entreprises et les gouvernements s’intéressent de plus en plus à cette approche. La plateforme européenne des entreprises et de la biodiversité soutient notamment les discussions sur la définition d’une nature positive dans un contexte commercial, afin d’aider les entreprises à intégrer les considérations relatives au capital naturel et à la biodiversité dans leurs activités.
Le Sommet européen des entreprises et de la nature de l’automne dernier a appelé les sociétés à agir - évaluer, s’engager, transformer et divulguer - dès maintenant, en commençant par comprendre les impacts et les dépendances des entreprises vis-à-vis de la nature. La COP de décembre 2022 sur la biodiversité s’est conclue par l’adoption du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal, qui vise à lutter contre la perte de biodiversité, à restaurer les écosystèmes et à protéger les droits des populations autochtones. Ce plan définit des mesures concrètes, notamment la mise sous protection de 30 % de la planète et de 30 % des écosystèmes dégradés d’ici 2030, ainsi que des propositions visant à accroître le soutien financier aux pays en développement.
De nombreuses sociétés ont également commencé à travailler sur des stratégies de durabilité fondées sur la science. Les objectifs et les plans relatifs à la nature doivent constituer un élément clé. Les organisations d’avenir dans les secteurs des affaires et de la finance réalisent d’excellents progrès dans l’alignement de ces exigences afin d’accélérer la mise en œuvre de stratégies commerciales favorables à la nature.
Chez Arcadis, nous aidons les entreprises à naviguer dans ce paysage complexe, à mesurer et à évaluer les impacts et les dépendances liés à la nature, et à élaborer des stratégies et des plans d’action solides. En montrant l’exemple, Arcadis a rejoint le programme d’engagement des entreprises du réseau des objectifs fondés sur la science (le « Science Based Targets Network » ou SBTN ») afin de fixer des objectifs scientifiques pour la nature. En tirant parti de notre expérience dans ce domaine, nous pouvons également aider votre conseil d’administration à fixer et à atteindre les objectifs de votre organisation en vue d’une véritable durabilité.